FILS DE LA NUIT

Publié le par Jean-Pierre Biondi

Mon enfance a été marquée par l' écho des drames liés à la guerre civile espagnole(1936-39). Saragosse, Teruel, Valence, Malaga, la Guadalajara, Barcelone, Guernica, sont des noms qui ont hanté mon esprit. Mes parents ont hébergé, au moment de la "retirada", une famille de réfugiés républicains. C' est dire combien ce conflit, prélude à la guerre mondiale, a imprégné mon histoire intime.

De ce fait, la récente publication par les éditions Libertalia de "Les Fils de la Nuit", 2 volumes consacrés à l' événement qui a causé plus d' un million de morts et mobilisé l' Europe progressiste contre le fascisme, revêt un particulier intérêt.

Le premier tome, "Souvenirs de la guerre d' Espagne", est le journal, publié pour la première fois en 2006, d' Antoine Gimenez (de son vrai nom Bruno Salvadori), milicien italien dans la Colonne de l' anarchiste Durruti, assassiné à Madrid fin 1936. Vraisemblablement par un agent de Staline. Ce récit - les batailles sur les bords de l' Ebre en 1936 et 37- se lit comme un polar.

A ce matériau brut, les "Giménologues", ses héritiers, ont ajouté, au prix d' un travail de dépouillement impressionnant, une suite intitulée " A la recherche des Fils de la Nuit". Il s' agit d' une étude, meublée de biographies, du "Groupe International"  (les "Brigades" ne sont pas encore opérationnelles sur le front d' Aragon)) de tendance anarchisante, pionnier d' une révolution de prolétaires-soldats.

Mais une autonomie politico-militaire de ce genre ne pouvait agréer aux oligarques staliniens qui n' ont eu de cesse de s' être débarrassés par le meurtre de masse des "Fils de la nuit", comme ils l' avaient fait en URSS avec Makhno. Ainsi la guerre anti franquiste s' est-elle doublée d' une lutte implacable contre ces francs-tireurs nus pieds, peu enclins à la militarisation à la sauce moscovite. Pot de terre contre pot de fer.

La révolution sociale s' effaçait devant la répression étatique. Le camp républicain ne s' en est pas relevé. Ce scénario est connu. Le mérite de ces livres est d' en fournir des preuves et témoignages accablants.

 

Publié dans histoire

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En faisant des recherches sur mon grand-père, Pierre Gortchakoff, mobilisé en 1916 dans l'armée du tsar, et envoyé, avec sa brigade dans les Balkans, pour échouer à Marseille après-guerre, <br /> <br /> http://tietie007.over-blog.com/article-pierre-gortchakoff-d-irkoutsk-a-l-estaque-48394459.html<br /> <br /> j'ai aussi découvert le passé d'un des voisins de mes grands-parents, un certain José Veintimilla, jeune espagnol exilé en France, communiste, qui partit se battre dans les Brigades Internationales dès 1936. Il finira dans les camps de Staline. Je raconte son histoire ici :<br /> <br /> http://tietie007.over-blog.com/article-e-62310298.html<br /> <br /> Le plus incroyable, c'est que le 24 décembre 2010, je reçus un mail de Moscou, de son fils naturel, qui, pour la première fois, avait vu la photo de son père. Enrique Veintimilla qui est né en 1938 à Moscou, m'a traduit toutes les lettres de mon grand-père écrite en russe.
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