IMMIGRATION OU INTEGRATION

Publié le par Jean-Pierre Biondi

L' immigration figure déjà dans les préoccupations majeures qui vont animer le proche débat présidentiel français. Rien de surprenant tant l' acuité acquise par la question implique la solidité même du tissu social.

Certains réclament maintenant un referendum urgent sur le sujet, l' associant au problème sécuritaire. C' est en vérité depuis la fin de la décolonisation qu' une ligne politique claire et continue fait défaut en la matière. Il n' était pas besoin d' être un génie pour anticiper les effets vraisemblables de la chute de l' Empire colonial : d' abord la précipitation du patronat pour recruter dans les territoires anciennement annexés une main d' oeuvre bon marché, puis l' attraction conséquente du niveau de vie de l' ex métropole sur les masses misérables d' outre mer.

Un homme d' Etat conséquent aurait alors évité d' aboutir à un simple transfert de bidonvilles. Mais face à cette évolution  prévisible, l' ensemble de la classe politique, communistes exceptés, n' a esquissé aucune proposition de solution, ni sérieusement distingué immigration et intégration. On continuait de débiter, comme un voeu pieux ou une promesse non datable, un vague discours assimilationniste que le nombre croissant d' immigrants, partiellement analphabètes, rendait illusoire. Cet attentisme ne pouvait qu' ouvrir la route au communautarisme.  Les rares voix qui mettaient alors le pouvoir en garde étaient aussitôt balayées par une démission consensuelle. Elles gènaient.

C' est donc faute de clairvoyance, sinon de courage, que, touchant l' immigration, s' est installée pendant des décennies une sorte de laxisme embarrassé, parfois un peu honteux, mais parfaitement immobile. Illégaux, clandestins, faux étudiants et pseudo réfugiés politiques, alourdissaient annuellement les statistiques d' individus sans perspective d' insertion ou d' accompagnement. Un lit de camp chez un marchand de sommeil et un emploi éreintant au black ne constituent pas des garanties d' avenir. La situation se voyait escamotée par des assurances démagogiques et électoralistes qui n' abusaient plus personne.

A force, le nombre devient un déterminant négatif. Se sont accumulées au seuil de banlieues désindustrialisées, des générations de chômeurs sans grande formation, suscitant bientôt une économie parallèle et rejetant le mode de vie du pays récepteur. Quand équipements et subventions sont arrivés, c' était souvent trop tard. Une insertion réussie se fait d' abord dans les têtes et les coeurs. On n' y était pas. Des enclaves gagnées à la cause jihadiste commençaient à miter le terrain, y semer de petits "remplacements" (cités et quartiers) pour user de la terminologie du moment. De jeunes Français "de droit" s' expatriaient pour passer à l' ennemi absolu, le terrorisme. Le séparatisme s' officialisait.

L' enjeu de l' insertion est donc devenu l' unité nationale. Son abandon serait un cadeau aux irresponsables qui réclament de plus en plus fort une "reconquête militaire des zones infectées.". De la flopée hétérogène des candidats aux dorures de l' Elysée, on est, pour le moins, en droit d' espérer une offre de réponse à une problématique vieille d' un demi-siècle : faire plus d'  insertion avec moins d' immigration.

Publié dans société

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