LA "GAUCHE" ET LE PEUPLE

Publié le par Jean-Pierre Biondi

L' impuissance de la Gauche actuelle, ou de ce qu' il en reste, à réaliser une "révolution" conforme aux doctrines énoncées depuis des lustres, la conduit à chercher à atténuer et compenser, autant que faire se peut, son échec sur le plan social par des "avancées" électoralement payantes sur le sociétal : les minorités ethniques, les femmes, les homosexuels, causes assurément progressistes, mais combats sectoriels, ne remettent cependant à l' ordre du jour ni la lutte des classes ni la domination écrasante du Capital. Ce ne sont de vieilles lunes que pour ceux qui  redoutent d' en entendre parler.

La masse du peuple, elle, lasse d' espérer un succès de fond reporté d' élection en élection sous des emballages variés, se replie dans l' abstention ou le populisme protestataire, autrement dit dans la résignation  qui mène à la jacquerie facile à dénoncer ( " les classes dangereuses") et réprimer ( juin 1848, la Commune de 1871) qu' affectionne le pouvoir en France.

Dans ce contexte, les promesses mensongères, notamment celles qui ont prévalu de Mitterrand à Hollande, ne valent que mépris. Les mitterrandolâtres du type Fabius, Jospin, Lang, Bérégovoy, et autres Ségolène Royal ou Drai, ont été, je pèse les mots, des agents déterminants de la décadence et de la déconstruction historique du mouvement ouvrier et social français. Il faut les nommer.

On ne distingue, hélas, pas davantage de salut dans le souverainisme d' Onfray béni par de Villiers (plus fort que: "et en même temps"), ou dans l' oecuménisme de Joffrin visant à  rassembler dans un suprème effort le fantôme du P.S et l' écume du mélanchonisme. On n' en est plus là! 

Des "think tank" élitistes, des "groupes de réflexion" technocratiques, des clubs de "concertation démocratique", oui, sans doute, mais cela ne fait pas le compte. Aucune proposition théorique ne sert si, aprés toilettage préalable, elle reste théorique, s'il lui manque l' adhésion du nombre, du grand flot uni qui sait se mobiliser et se rassembler quand il s' est convaincu que l' enjeu le mérite. 

L' adhésion confiante du nombre, là aussi se situe le coeur de la problématique quand on voit des Partis séculaires vidés de leurs militants, sections et fédérations, des syndicats dégénérer en corporations et associations professionnelles, ou se décomposer en micro organisations et en boutiques rivales autour de petits chefs.

Encore faut-il que la conquête du grand nombre n' aboutisse pas à l' affadissement du contenu, à la décoloration du projet, aux sauts de côté et à des ersatz de solution. Un nouvel enthousiasme, c' est à partir de là que tout peut être refondé, à partir de l' irresponsabilité crédible, de l' impossible à portée de main, de l' invraisemblable dépollué.

Démagogie? Le mouvement social n' a jamais été aussi faible depuis 1830. Ce n' est pas lui qui peut ruiner l' Etat! Mais il lui faudra  une créative diète gouvernementale s'il ne veut pas ramener, une fois encore, le peuple au bord du Rubicon pour taquiner le goujon.

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