ANSCHLUSS

Publié le par Jean-Pierre Biondi

L'Etat d' Israel annonce qu' il intégrera à son territoire mercredi prochain 1er juillet 2020 deux zones de Palestine actuellement occupées. "Il est temps d' annexer des pans de la Cisjordanie" a, en toute simplicité, proclamé le Premier Ministre Nétanyaou.

Ce nouveau viol du Droit international, discrètement relevé par les médias occidentaux, appelle pourtant un minimum d' observations :  

- qui ose encore s' opposer résolument à la stratégie de conquête menée par Israel depuis 1967 : annexion de Jérusalem-est, colonisation du plateau syrien du Golan, installation de 650.000 colons sur 150 implantations, transfert de la capitale à Jérusalem, et maintenant, annexion de la vallée du Jourdain et de la Judée- Samarie? Les justifications avancées peuvent varier : tantôt sécuritaires comme pour le plateau du Golan, tantôt historico-religieuses comme en Cisjordanie. Elles ne convainquent personne mais nul ne les sanctionne.

- comment neutraliser l' expansionnisme sioniste et sa volonté d' évacuer de l' Histoire l' existence et le souvenir du peuple palestinien : retrait des accords de paix d' Oslo, meurtre du Premier Ministre Rabin favorable à la solution des 2 Etats que rend désormais impossible le projet d' annexion d' un tiers du territoire palestinien et qui créera une frontière commune avec la Jordanie, donc de nouvelles exigences et garanties de sécurité pour les immigrants israeliens?

- l' habitude du "fait accompli", surtout à la veille des élections présidentielles américaines, vient du sentiment d' impunité des dirigeants d' Israel, nourri par le soutien inconditionnel de Donald Trump et des communautés juives de l' étranger (cf chronique " La dédiabolisation en marche" du 21/12/2011). On se souviendra en passant de l' indignation spécialement véhémente de celles-ci quand Poutine a réannexé la Crimée en 2014 et, plus encore, au moment où Sadam Hussein a envahi le Koweit (1991).

- On peut noter la sérénité qu' engendre du côté israelien la domination d' une armée comme Tsahal, équipée des matériels les plus onéreux et les plus modernes face à une population dotée de pierres et de bâtons.

- Enfin , n' est-il pas quelque peu paradoxal de voir refusée la création d' un Etat à un peuple installé, par des arrivants continuant à se référer simultanément à d' autres nationalités qu' israelienne ( celles d'un pays de naissance ou d' adoption, par exemple )? Le cas est, à ma connaissance, unique au monde.

Au nom de quoi, de quelle justice, quelle morale, de quel respect d' autrui, se dressera-t-on désormais contre l' arbitraire ? Cet Anschluss ramène 80 ans en arrière, à l' Annexion en 1938 de l' Autriche. Ou à un colonialisme anachronique qui invite cyniquement les habitants d' un pays à "faire fleurir" un morceau de désert privé d' eau et de terres cultivables. Je réponds d' avance à d'intolérants contradicteurs , comme le faisait Stéphane Hessel , ancien déporté : critiquer la politique de force d' un Nétanyaou n' est pas de l' antisémitisme, de même que critiquer celle peu humaine de Mme Thatcher en Irlande n' était pas de l' antiféminisme.

Finissons-en avec ces commodités-là ! Je souhaite le maintien de l' Etat d' Israel mais dans ses frontières légitimes, tout comme je défendrai encore et toujours l' égalité de droit entre  protestants et catholiques, Irlandais du nord et  du sud.

Merci encore de votre attention.

Publié dans politique

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