MACRON AU DETECTEUR DE CREDIBILITE

Publié le par Jean-Pierre Biondi

Trois mois après l' élection, aucune question ne semble approcher d'une réponse :

- comment attirer l' investissement (autrement dit les capitaux) sans abaisser la fiscalité, donc sans s' attaquer à sa structure et à son fonctionnement ? Après tout, le nouveau président a été Inspecteur des Finances, banquier, secrétaire adjoint de l' Elysée et ministre de l' Economie...

- comment abaisser la fiscalité sans incidence sur le déficit de l' Etat, donc sur le rapport à la réglementation européenne (les 3%) ?

- comment imaginer un accroissement de la dette sans effet négatif sur le niveau de vie des classes moyennes qui constituent l' essentiel de la majorité, donc sans réponse électorale défavorable?

- comment relancer l' Economie en braquant à la fois les Syndicats sur le Code du travail et le patronat s' agissant de la fiscalité de l' Entreprise ?

Certes, Macron semble avoir réussi son entrée sur la scène internationale, encore qu' on ne voie pas Trump modifier sa position en matière d' environnement, Poutine bouger d' un iota sa politique en Ukraine et en Syrie, ou la chancelière Merkel manifester l' intention d' intensifier son concours au Sahel et  assouplir sa raideur financière.

Déjà, "Jupiter" a différé l' exécution de certaines de ses annonces programmatiques comme la suppression partielle de la taxe d' habitation et la révision du contour de l' ISF. Le chômage stagne. Tous les budgets sont visés, les aides sociales menacées (ainsi avec les 5 euros mensuels rognés sur l' APL), la rémunération des fonctionnaires et les retraites gelées et frappées par une augmentation sensible de la CSG. Le plus ennuyeux est que ne se profile rien de bien clair, malgré un début de reprise économique en Europe. 64% de satisfaits en juin, 36% en août : le thérapeute et ses Ordonnances ne font pas recette.

Macron a été élu sur un coup de dé. Les Français, écoeurés par la paresse de Chirac, le bling-bling sarkozyste et l' impuissance d' un Hollande, attendaient un sauveur alliant la conviction patriotique gaulliste et l' intelligence prospective mendèsienne. Ce jeune techno-intellectuel , au sourire éclatant, est survenu soudainement pour enclencher la dynamique d' opinion adéquate, celle dont n' avaient su, en leur temps, profiter ni Delors ni Rocard. Le rejet des Partis dits de gouvernement et la peur de l' extrème droite ont occulté l' ambiguïté du discours "rassembleur", au parfum bayrouiste, éludant les contradictions concrètes de la société. Tour de passe-passe dont le citoyen, méfiant, se met à mesurer, une fois de plus, les limites.

C' est que gouverner de nos jours une Nation aussi complexe et multiple que la France, dans un contexte mondial  aussi difficile et aussi tendu, ne s' improvise pas, ne  saurait se borner à des "à peu près" et des trouvailles de com'. Il  faut, pour s' affirmer crédible, une ligne lisible, des équipes préparées à l' exercice du pouvoir, une majorité homogène. Alors ? oui, moi, à la base, me sens comme tout le monde...perplexe...

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