TAFTA, no !

Publié le par Jean-Pierre Biondi

Débattu depuis juillet 2013 de Bruxelles à Miami, TAFTA, le " Trans Atlantic Free Trade Agreement" (nommé également "Transatlantic Trade and Investment Partnership" ou " Partenariat transatlantique de commerce et d' investissement" par les francophones) est un projet d' accord économique et culturel entre les U.S.A et l' U.E.

Les négociations sont conduites par un groupe de fonctionnaires et techniciens dont ni les noms ni les travaux ne doivent être divulgués. Mentionnons seulement , pour les Français, quelques personnalités relevant directement de la Commission de Bruxelles : Jean-Marc Trarieux, spécialiste agricole, Martin Merlin, expert financier, ou Denis Redonnet, expert en commerce international.

Cette étape, a priori purement technique, n' a cependant pas échappé à la révélation d' un espionnage permanent des représentants européens par la N.S.A (National Security Agency) sans d' ailleurs émouvoir outre mesure le Parlement de Strasbourg où grouillent les lobbies atlantistes.

Des dizaines de groupements et associations ont pourtant annoncé dès l' origine un marché de dupe. En novembre 2013 déjà "Le Monde diplomatique" dénonçait "un typhon menaçant l' Europe". La situation ne s' est guère améliorée puisque tour à tour la chancelière Merkel et le président Hollande ont récemment fait savoir que ce pacte obscur était, en l' état, "inacceptable". L' accord prévoirait en effet un alignement complet sur les normes de libre échange établies par des Multinationales. La délégation américaine compte plus de 600 consultants, à l' image des lobbies qui ont exigé la liberté d' accès à tous les documents faisant l' objet de pourparlers.

Selon en effet leur point de vue, "l' harmonisation du commerce" vise surtout une dérégulation maximale des marchés favorables aux intérêts américains et le démantèlement des systèmes de protection sociale européens, confiés alors à de mystérieux "chargés d' affaires". Profitant d' un rapport de force inégal, Washington s' efforce ainsi d' entrainer l' Europe vers son modèle. Sa victoire signifierait clairement la disparition de l' agriculture et de l' artisanat français ainsi que celle d'un "exception culturelle" qui a permis jusqu' ici de ne pas tomber sous la coupe des industries d' outre-atlantique. L' enjeu n' est pas mince, même s' il ne fait guère l' objet, dans certains milieux européens, d' une particulière attention.

Sortir de TAFTA les mesures relatives aux brevets, aux droits d' auteur, à la protection des données, garantir la liberté d' accès au net et aux médicaments, sont des impératifs moraux. Alors pourquoi ce secret autour de délibérations qui engagent les conditions de vie et les droits de tant d' hommes? L' avidité du Capital financier, l' éviction des Parlements élus du débat, outrepassent le champ initialement convenu des simples relations commerciales. L' utilité de la réactualisation des modalités de certains échanges ne saurait déraper sur des choix politiques excluant le respect prioritaire des intérêts du citoyen, en l' occurrence fort dédaigné.

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F
Lecture du matin: ce blog nous réveille.
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