CANCER EN OCCIDENT

Publié le par Jean-Pierre Biondi

On semble s' accorder à juger que le système libéral-occidental arrive à un moment décisif de son histoire rongé qu' il est globalement, au-delà de ses spécificités nationales, par une crise de la représentation, des institutions déphasées, une bureaucratie étouffante et une domination arrogante de la finance et des lobbys.

Le discrédit est accéléré par la multiplication des mutations géopolitiques, socio-culturelles et technologiques dont la classe politique euraméricaine s' est, depuis des décennies, montrée inapte à prévoir les effets, évaluer les bouleversements et organiser la prise en compte.

L' Angleterre, berceau de la démocratie bourgeoise s'il en fut, incarnation d' un parlementarisme traditionnellement donné en exemple, est directement interpellée avec le Brexit. Mais ne daubons pas sur le spectacle burlesque offert par la Chambre des Communes : il est symbolique. Quand les "corps" dits "intermédiaires" , qui font tampons entre les Princes et les Peuples, sont victimes de fonte musculaire et de dépression nerveuse, il est logique de voir surgir des sursauts populistes. Les contradictions, les injustices, les égoïsmes, ne reculent pas, mais se déplacent. Des paysans, des policiers, continuent de se suicider, des casseurs de casser. On parle alors de "transition"

 

L' actualité illustre une problématique qui est, en réalité, plus ancienne et plus complexe, car le malaise démocratique occidental est à la fois le produit d' un lent appauvrissement des classes moyennes ( chômage, surfiscalité, insécurités, etc.) et de l' émergence de blocs rivaux, notamment asiatiques, impulsant de nouvelles formes de capitalisme et une réévaluation du modèle culturel.

La démocratie de papa est en train de perdre de vue ses principes : l' "Idéal républicain" s' effrite, abandonnant le terrain à l' argent-roi. Le terme " démocratie" sert indifféremment les potentats et les tyrans, les totalitarismes sanguinaires et les ploutocraties scandaleuses. Depuis peu, on a renoncé à lui accoler le qualificatif de "socialiste", passé de mode. Surnagent des formules vides de sincérité comme "Etat de Droit" ou "Séparations des Pouvoirs".

Là réside un cancer : dans le flot des paroles privées de crédibilité. Le Peuple pardonne tout, sauf l' humiliation  de mensonges récurrents. La France, l' Europe, l' Amérique, souffrent d' un scepticisme de masse qui va les obliger, à court terme, à se réinventer pour se sauver. La solution devra, d' évidence, être collective et concertée, ou ne sera pas.

 

Publié dans société

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