Gardez la monnaie...

Publié le par Jean-Pierre Biondi

Le Front National bénéficie d' une indéniable dynamique politique. Sondage après sondage,élection après élection, partielle ou non, son score ne cesse de progresser aux dépens des partis dits "de gouvernement" . Cela, et le prévisible bond en avant de l' abstention comme acte de refus, traduisent le mécontentement (voir nos cinq articles intitulés "Le roman du mécontentement français", du 2 au 8 juin 2014) des classes populaires et des couches inférieures de la classe moyenne, que l' irresponsabilité du récent redécoupage régional exaspère encore.

Le discrédit, longtemps canalisé, déborde. Les arguties "républicaines" ne portent plus parce que la confiance est perdue, depuis tant de promesses mensongères et devant tant de scandales tous azimuts. Le chantage au danger anti- démocratique n' attire en retour qu' une question de bon sens : si ces gens sont vraiment des fascistes, pourquoi n' interdisez-vous pas leur organisation? mais s' ils répondent en revanche aux conditions légales requises, pourquoi avec plus de 25% d' électeurs ne peuvent-ils obtenir que 2 députés quand les écologistes, avec dix fois moins de voix, ont droit à tout un groupe parlementaire?

Ou bien encore : pourquoi emprunter à taux normal 9 millions d' euros à une banque tchéco-russe, après avoir essuyé un refus concerté des banques françaises, serait-il plus louche que le doute, mobilisant la justice, sur l' origine précise d' une partie des fonds du "Sarkothon"? (comme on disait autrefois : "on ne monte pas au mât de cocagne quand on a sa chemise sale").

La fourberie de la classe politique en place rappelle étrangement l' époque où le Parti communiste dépassait aussi les 25%, et où était ouverte, avec les moyens d' Etat, donc la poche du contribuable, une écoeurante chasse aux militants ouvriers. Ces méthodes, s' appuyant sur la domestication médiatique, sont exécrables et, à la limite, inopérantes.

L' important n' est donc pas une affaire de prêt, au demeurant assez modeste, accordé au F.N par une banque étrangère, au su et au vu de chacun. Il est sûr qu' en fouillant bien, des juges d' instruction trouveraient, notamment en provenance du Qatar, des "transferts" autrement conséquents. Non, le souci est celui de la stratégie économique et financière que conduirait Marine Le Pen si elle parvenait au pouvoir.

La dirigeante du Front justifie un abandon de l' euro et le retour au franc en se référant aux exemples de la livre sterling et du franc suisse. Dans le cas anglais, elle omet de dire qu' en réalité la monnaie britannique est une filiale de la zone dollar, souveraine en matière de commerce international. Rétablir un franc équivalant à un euro dévalué de 40% ne serait qu' une éphémère satisfaction d' amour-propre. Quant à la Suisse, on sait que depuis un siècle cet aimable pays sert de coffre-fort et de blanchisserie à toutes les manipulations d' argent. Son franc est, pour l' essentiel, le reflet de la fraude et du recel, sous couvert de la plus hypocrite des neutralités. Est-ce là le destin souhaitable d' un franc français "libéré"?

C' est là-dessus que finira par buter le F.N, pas sur les vaines invectives de ceux qui tremblent pour leurs sinécures. Avec la mondialisation, irréversible, la monnaie est un domaine trop sensible pour faire l' objet d' expérimentations incertaines. L' euro est la seule création qui permette au continent européen, faute de diplomatie et de défense communes, de compter encore: ne le bousillez pas Nettoyer, aérer, démocratiser les écuries de Bruxelles, nombreux sont ceux qui en éprouvent la nécessité. On les comprend. Mais gardez la monnaie !

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T
Dommage que vos chroniques, toujours originales et si bien écrites, se trouvent polluées par des commentaires ineptes, écrits dans un charabia presque illisible, d'une personne signant JC. Cela porte tort à votre blog.<br /> TQ
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C
je suis tout à fait d'accord jc
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